Pourquoi le redémarrage (progressif) du réacteur 1 de la centrale nucléaire EDF de Civaux est si important.



Centrale EDF Civaux

Après 17 mois d’arrêt pour visite décennale et corrosion sous contrainte, le réacteur nucléaire Civaux 1 reprend progressivement du service. Une très bonne nouvelle pour EDF à plus d’un titre.

C’est par lui que tout a débuté. Le réacteur Civaux 1 a vu naître un drame industriel pour EDF, dont les ramifications ont fait craindre que la France ne puisse pas assurer l'équilibre de son réseau électrique pour la première fois en cinquante ans. Des fissures détectées en octobre 2021 sur le réseau primaire de refroidissement de secours, lors de la deuxième visite décennale, sont à l'origine des malheurs récents d'EDF.

Une inspection sur son jumeau Civaux 2 ayant laissé craindre le même problème "inattendu" de corrosion sous contrainte (CSC), EDF a pris la décision non seulement de ne pas redémarrer Civaux 1 et 2 à la fin de leur visite décennale, mais aussi d’arrêter les deux autres réacteurs du même type, ceux de Chooz B et

Chooz C, dans les Ardennes, dits N4 de 1450 MW, les plus puissants du parc.

L'entreprise a décidé de lancer toute une série d’inspections, en découpant certaines tuyauteries de réacteurs déjà à l’arrêt, pour déterminer la cause du problème et l’étendue des dégâts sur le parc, et ce, avant de développer un procédé de détection par ultrasons non destructif pour finir de contrôler ses 56 réacteurs. Ce sera chose faite d’ici à fin 2025. 

 Premier des 16 réacteurs à réparer.

Les premières études ont parlé. Ce phénomène de corrosion sous contrainte est lié à une nouvelle architecture des circuits de refroidissement et concerne essentiellement les 16 réacteurs les plus récents du parc. Pour ces 16 réacteurs, pas d’autres choix que de remplacer les tuyauteries fissurées. C’est fait pour Civaux 1, qui a été reconnecté au réseau le 25 janvier avec 44 mètres de tuyaux tout neufs. Civaux 2 redémarrera à son tour le 19 février avec 32 mètres de nouvelle tuyauterie de refroidissement. 

Relancer la prolongation du parc et les exportations.

 Ce devrait être ensuite le tour de Chooz1, puis des réacteurs de 1300 MW du palier P’4, Penly 1, Cattenom 3, Penly 2, Golfech 1. D’ici fin 2023, des remplacements préventifs des lignes seront réalisés sur tous les réacteurs du palier 1300 MX P’4. La durée de la dépose et le remplacement préventif de tronçons concernés par la présence de CSC est évaluée par EDF à 160 jours.

 En plus de valider la méthodologie de réparation mise en place par EDF, le redémarrage de Civaux 1, un des quatre plus puissants réacteurs du parc avec ses 1450 MW, va redonner au gestionnaire de réseau un peu de marge pour affronter les possibles vagues de froid de l’hiver. Il va aussi peut-être permettre à EDF d’exporter à nouveau de l’électricité chez nos voisins, et de tenir ses prévisions de production pour 2023, estimées à 300 à 330 TWh. Cela lui permettra aussi et surtout de reprendre son programme de grand carénage, pour prolonger ses 32 réacteurs les plus anciens à 50 ans.

 De quoi lui donner plus de sérénité pour de travailler au dossier de prolongation à 60 ans que lui demande l’Autorité de sûreté nucléaire.